En mémoire de Menie Grégoire…

Il y a quelques jours, l’écrivain et journaliste Menie Grégoire (Marie Laurentin de son vrai nom) nous quittait. Tourangelle et féministe, elle était surtout connue pour sa voix et ses conseils dans la libre émission Allô Menie, qu’elle anima sur RTL de 1967 à 1982. Aujourd’hui je voulais rendre un modeste hommage à cette grande dame en vous parlant d’une de ses œuvres littéraire les moins connue mais d’une richesse incontestée, le conte Persillon-Persillette.

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Marguerite est une petite fille beaucoup trop gâtée et capricieuse qui veut absolument manger du lapin au persil pour son anniversaire. Son père ne pouvant rien lui refuser, va lui en cueillir dans le jardin des trois fées mais se fait surprendre. Marguerite est alors emportée par les fées dans leur tour au milieu de la forêt et est bientôt appelée Persillon-Persillette, en souvenir de ce vol. Enfermée au dernier étage et surveillée étroitement par l’affreux Perroquet, notre coupable héroïne doit briquer la maison et raccommoder du matin au soir. La porte murée pour qu’elle ne s’échappe pas, ses longs cheveux d’or servent d’échelles à ses geôlières afin qu’elle puissent entrer et sortir tous les après-midi. Jusqu’à ce qu’à la veille de ses quinze ans, un beau prince charmant vienne à se perdre au pied de sa tour et en tombe amoureux. Elle est bientôt délivrée, s’échappant ainsi de l’emprise des fées qui mourront de froid, faute de pouvoir rentrer chez elles, et de Perroquet à qui l’on aura tordu le cou !

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Menie Grégoire, Persillon-Persillette, Éditions Hachette, Collection Menie Grégoire Raconte, 1972, Paris

Cette histoire ne vous rappelle rien ? Voici ici réunis deux contes-types vraiment populaires, « La Fille dans la tour » et « Cendrillon ». Tout cela avec beaucoup d’humour et sur fond de géographie tourangelle. Vous savez que je suis de Tours et cet encrage régional ne m’a donc pas laissée insensible. En somme c’est un savant mélange de Raiponce et de Cendrillon que j’ai pris grand plaisir à lire et à étudier d’un peu plus près.

C’est un conte que je vous recommande si vous réussissez à vous le procurer (il n’est plus édité hélas, mais il arrive qu’il soit disponible sur les sites de ventes et enchères sur Internet ou encore en bibliothèque). La forme du récit est un peu surprenante, comme enchâssée, de telle sorte qu’elle contribue à tisser un lien de transmission culturelle. En effet, au travers de la voix du narrateur, c’est l’auteur qui nous conte Persillon-Persillette à l’image de sa grand-mère, qui lui racontait ce même conte lorsqu’elle était enfant. Et que nous allons à notre tour nous aussi raconter aux nôtres. Mais c’est aussi un texte fascinant et très ludique, qui met en échos les contes de Raiponce et Cendillon. Ainsi, il incite plus ou moins consciemment l’enfant à y chercher des références connues et déjà acquises tout en lui permettant de commencer à se constituer sa propre culture littéraire.

Il y a énormément de choses à dire à propos de Persillon-Persillette et de son intertextualité, mais je ne voudrai pas vous en dire trop. N’hésitez pas à vous y intéresser de plus près ainsi qu’aux autres contes faisant partie de la Collection Menie Grégoire Raconte : Les Quatre Rois, Le Petit Chaudronnier et Compère le Jo. Et si vous souhaitez découvrir des albums pour les plus jeunes qui stimulent eux aussi l’imagination et la recherche de référents littéraires et culturels, jetez-vous sur la série « Monsieur Monsieur et Mademoiselle Moiselle » de Claude Ponti. C’est une vraie petite mine d’or ludique et éducative.

Carnet Féminin

PS : je suis encore une fois en formation, ce qui explique que mes articles se fassent un peu plus rares. Mais je ne vous oublie pas ! Des bisous et belle journée à vous tous !